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Entre des bois touffus serpente la langue de bitume qui mène à Whitehaven. Route maudite lorsque le blizzard se lève ou que le verglas arrive, elle est l’unique accès à la ville. À l’arrivée des beaux jours, les habitants aiment se perdre au milieu des arbres lors de longues randonnées ou tout simplement pour se ressourcer. Après tout, il faut profiter des longues journées avant le retour de l’hiver. Symbole de l’activité florissante de Whitehaven dans les années 80, les commerces et ateliers désaffectés se succèdent au milieu du silence. Parmi les repaires des squatteurs et les planques des délinquants locaux, quelques activités subsistent tant bien que mal. Sans elles, pas mal d’habitants seraient au chômage. Les habitations, construites dans les années 80, avaient pour vocation d’accueillir les nouveaux arrivants. Depuis la faillite de la ville, bien des familles sont parties et les pavillons et les petits immeubles affichent dorénavant des mines esquintées. Barrières cassées, jardins en friche, les biens se vendent pour des bouchées de pain. De quoi faire le bonheur de celles et ceux qui veulent accéder à la propriété ! Les bâtiments colorés défilent le long des trottoirs. Ici et là, quelques vestiges témoignent de la présence russe passée, mais seuls les anciens y prêtent encore attention. La plupart des habitants se concentre sur le présent, leurs soucis, et une promenade en centre-ville est souvent synonyme de détente… sauf en cas de rendez-vous médical. Artère commerçante menant au port, elle réussit à maintenir une certaine activité. Ici, deux ou trois appartements s’empilent au-dessus des petits commerces aux façades défraichies. Une épicerie côtoie une boutique de mode au style vieillot tandis que l’enseigne de la pharmacie n’a pas donné signe de vie depuis plusieurs mois. Les cris des mouettes bercent les pêcheurs et les employés du port. Au milieu des départs et des arrivées des bateaux, et de l’odeur de poisson, l’activité bat son plein. Il n’y a que le lundi qu’un calme relatif règne. Après tout, on travaille à la conserverie et à la capitainerie. Là, les gardes-côtes veillent au grain, prêts à partir si un navire demande leur aide. Accessible depuis le port par une navette ne fonctionnant que le samedi et dimanche, l’île abrite une ancienne base militaire. Mais depuis une vingtaine d’années, c’est avant tout une destination populaire auprès des adolescents. Les fêtes sauvages sont fréquentes en été, et certains n’hésitent pas à prévoir les toiles de tente.
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