Coude posé sur le comptoir, Leslie appuya son front contre sa main gauche refermée en poing. La droite gardait le verre piégé entre ses doigts. De temps à autre, il faisait glisser son index sur la paroi du contenant. La lumière du bar réhaussait la couleur ambrée du liquide dans lequel s’entrechoquaient deux glaçons. Une douce musique aux oreilles de l’homme. Ça changeait des doigts courant sur les touches des claviers, des sonneries stridentes des téléphones, et des bruits des machines dans l’atelier.
Un grognement lui échappa. Doucement, il se redressa, passa ses mains sur son visage et soupira. Vendredi soir, et son réfuge n’était autre qu’un bar. Certains de ses amis passaient la soirée en famille ; d’autres s’étaient réunis pour assister à un match. Exceptionnellement, Leslie avait passé son tour.
Pas le courage de faire face à un écart de conversation, une sortie de route qui menèrait tout droit vers un rappel de son célibat. Leurs intentions partaient d’un bon fond, mais empruntaient toujours la mauvaise voie. Soupir. Il plongea sa main dans la poche de son manteau et en sortit son portable. Quelques messages enthousiastes décrivaient la tournure du match. Un de sa sœur lui ordonnait de garder son dimanche après-midi de libre. Plutôt que de répondre, il remit l’appareil à sa place et but une longue lampée d’alcool. Il en avait bien besoin. Tout ça ne promettait rien de bon.
Humectant ses lèvres, il releva le menton. La fatigue et les quelques degrés réchauffant son corps commençaient à faire leur œuvre. Regard posé sur l’homme debout derrière le comptoir, Leslie lâcha d’un coup :
— Vous êtes pas un causant, vous, hein ?
Malgré sa remarque, ça ne le dérangeait pas. C’était juste inhabituel. Leslie avait toujours eu le sentiment qu’être bavard, voire volubile, était une qualité indispensable pour tenir un bar ou même y travailler.
Il se trompait visiblement. Comme il se trompait pour beaucoup de choses.
Verre à nouveau en main, il pointa le propriétaire des lieux de l’index. Il resta les lèvres entrouvertes pendant quelques minutes à la recherche d’une pensée qui tentait de se faufiler hors du filet de sa conscience.
La seule chose qui s’en extirpa fut une étrange sensation. Familière.
Leslie fronça les sourcils, plissa les yeux. A la fois suspicieux et insistant. Entendait-il mal ? Ses oreilles lui jouaient-elles des tours ?
— C’est quoi cette musique ?
Son expression demeura inchangée, alors que son regard restait sur le maître des lieux.
★ VERA
Noah L. Carmichael
Date d'inscription : 06/01/2020 Messages : 42 Age : 47 Localisation : Whitehaven, duh.
Sujet: Re: Worth the shot ft. Noah Dim 8 Mar - 18:38
I'll Name The Dogs
Girl, it's high time, I tell ya No more messin' around Time to lay these cards on the table And just throw it on out
T'as ouvert y'a un moment maintenant et tu commences à avoir une clientèle fidèle. C'est bien. T'avais un peu peur de pas pouvoir avancer à cause du manque de confiance des gens. Tu sers pas à manger parce que t'as pas encore trouvé de cuisinier mais au fond, t'es pas mécontent pour l'instant. Tu es un bar, tu sers des cocktails apéritifs et de la charcuterie. Pas besoin de savoir cuisiner pour proposer ça.
Dans tous les cas, tu sais que les horaires que tu proposes vont finir par te crever et que tu vas devoir embaucher. Et ça te gêne pas dans le fond, ça voudra dire que ton commerce fonctionne. T'aurais au moins l'impression de servir à quelque chose.
Il paraît qu'un barman est à la fois un psychologue et un conseiller matrimonial. T'as pas envie d'être l'un ou l'autre, sinon t'aurais fais des études. Du coup ouais, quand les soulards se confient sur l'échec de leur vie, tu finis souvent par aller faire la vaisselle. Tu les écoutes mais comme ça t'as pas besoin de réagir.
Le bar n'est pas vide, mais il n'est pas non plus plein à craqué. La nuit est déjà bien avancée mais il y a quelques personnes. Un vieil homme te salue avant de quitter la pièce. Tu contournes le comptoir et tu ramasses la note avant de ramener le verre et la bouteille vide à l'arrière du bar. C'est là que l'homme avachi depuis un moment t'adresse la parole. T'hausses un sourcil circonspect et tu hausses les épaules.
« Pas vraiment. »
Tu l'observes un peu et tu reprends ton nettoyage de verre, avant qu'il ne te parle encore. Tu lèves le nez vers les baffles et tu approches de la chaîne hifi. T'avais demandé à ton fils de te faire une playlist avec des titres parce que tu n'y connaissais rien en musique. En dehors des vieux vinyles de rock qui traînent dans ta baraque. T'avais envoyé une liste de titre et puis tu lui avais laissé champ libre. Tu découvrais parfois de la country, parfois de la pop, et même de la musique étrangère.
« Nuit sauvage. »
Tu hausses les épaules.
« Connais pas. Ca vous dis quelque chose à vous ? »
Faudrait que tu fasses peut-être plus attention à ce que tu passes dans ton pub quand même, parce qu'un jour on va s'foutre de toi parce que tu connais pas les musiques qui passent.
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