i'm not heartless i just learned to use my heart less

Il y a beaucoup de choses qui passent par les yeux. Les émotions, les couleurs, les envies. Ce sont ces yeux verts, tapis dans le noir aux lueurs des chandelles qui avaient ravirent le cœur du jeune Jonathan. C'était le 4 juillet, la fête battait son plein et les jeunes gens dansaient. La jeune femme à qui appartenait ces yeux était assise dans le fond de la pièce avec ses deux sœurs. Elles gloussaient en regardant autour d'elles, admirant sans se cacher les soldats en uniforme qui se déplaçaient dans la pièce. Au centre du trio, Annabelle, la plus âgée. La plus sage aussi, la plus réservée. Mais les regards ne trompent pas. Et ceux qu'Annabelle et Jonathan s'échangeaient ne laissait personne douter de leurs intentions. Il fit le premier pas, il n'avait que 18 ans et il était aussi timide qu'elle. Mais il sentait que c'était son destin.

Il y a beaucoup de choses qui passent par les yeux. Les émotions, les couleurs, les envies. Et ce regard bleu dans lequel on pouvait aisément voir des éclairs ne pouvait qu'appartenir qu'à Elisabeth. La jeune femme venait d'apprendre qu'elle devait assister à un repas le soir même dans le manoir de la famille Carmichael. Leur fils, Laurence, avait quelques années de plus qu'elle et serait le digne successeur de la banque que son père avait créée. Alors ses parents y avait vu un bon partie et avait arrangé un mariage. Elisabeth était un esprit indépendant qui rêvait d'une vie bien à elle pour laquelle elle déciderait elle-même ce qu'elle voudrait faire et qui elle voudrait épouser. Pourtant, lorsque ses yeux croisèrent la douceur des pupilles mordorées de son promis, sa détermination faiblit.

Annabelle était une jeune femme réservée, altruiste et douce. Elle était du genre à obéir sans réfléchir tout en sachant tenir tête lorsque les choses ne convenaient ni à ses croyances ni à sa morale. C'était le genre de femme prête à se jeter corps et âme dans une cause si elle pensait qu'elle était juste. Pourtant, croiser le regard de ce jeune soldat renversa en elle tous les sentiments qu'elle pensait contrôler depuis toujours : être la plus sage, la plus douce, la plus généreuse, la plus honnête. Le chuchotement à son oreille lui indiqua que sa plus jeune sœur semblait éprise du même homme. Alors, Annabelle baissa les yeux pour défroisser sa robe et ne plus y penser. Alors, quand Jonathan se présenta devant elle, lui tendant une main bienveillante pour l'inviter à danser, elle ne put s'empêcher de jeter un regard désolé à sa sœur qui, loin de lui en vouloir, arborait une moue boudeuse taquine. Elle était heureuse que sa sœur soit choisie par cet homme qui lui plaisait tout autant.

William n'avait pas plus envie que la jeune femme de se marier. Il était dans la fleur de l'âge et espérait bien pouvoir profiter encore un peu de ses jeunes journées pour séduire de jeunes oiselles et dépenser l'argent durement gagné par son père. Alors, lorsqu'Elisabeth lui fut présenté, il n'eut aucun doute qu'il avait réussi à semer chez elle un trouble qu'il parvenait parfaitement à manipuler. Or, la jeune femme n'avait absolument aucune envie de laisser ce soit disant "gentleman" mener la danse. Alors, loin d'avoir la langue dans sa bouche, elle assura froidement n'avoir aucune envie de le côtoyer et ne vouloir que le détruire afin de montrer à l'univers à quels jeux il jouait. Prenant ça pour un défi, Will se laissa alors prendre au jeu. Tellement qu'il se rendit peu à peu compte que Lizzie comptait bien plus à ses yeux qu'aucune de ses conquêtes n'y était jamais parvenu.

Jonathan était soldat, du moins il comptait le devenir. Il était tout jeune, avait à peine 20 ans, mais il n'attendait que son prochain anniversaire pour s'enrôler. Il n'avait pas prévu l'apparition d'un ange dans sa vie. C'est comme ça qu'il voyait la jeune femme. Son ange. Pourtant, lorsqu'elle glissa sa main dans la sienne et qu'il l'emmena danser ce soir là, sa vie changea. Ce moment fut comme suspendu dans le temps pour les deux jeunes, les yeux dans les yeux, ils tournoyaient au rythme des sons, allant et venant sur la musique sans se soucier de ce qu'il se passait autour d'eux. Et quand la fin de la chanson arriva, ils enchaînèrent avec la suivante. Jusqu'à ce qu'un tour mal amené d'un autre duo de danseur ne percute Annabelle qui tomba malgré elle. Elle se foula la cheville ce soir-là, et ils finirent la soirée à une table, un verre de soda à la main, à discuter de leurs vies.

C'est lorsque Lizzie annonça à William qu'elle s'engageait dans l'armée en tant qu'infirmière qu'il prit conscience qu'il risquait de la perdre et qu'il ne pouvait pas tolérer une chose pareille. Elle l'avait emmené dans le parc de la petite ville où ils vivaient pour lui apprendre la nouvelle. Elle, elle en avait assez. Oui, elle avait développé malgré elle des sentiments pour son promis. Ca la débectait parce qu'elle en voulait à ses parents de ne pas la laisser prendre l'indépendance qu'elle voulait, mais, Will était l'amour de sa vie. Elle le savait au fond d'elle. Sauf qu'elle sentait qu'il n'en était pas de même pour lui, qu'elle n'était qu'un joli jouet de plus qu'il fallait mettre dans son lit. Or, elle refusait d'être cette femme-là. Elle ne s'était certainement pas attendue à ce qu'il prenne son visage en coupe pour l'embrasser. Elle s'y accrocha à ce baiser, de toutes ses forces. Parce qu'à la minute où ses lèvres avaient touché les siennes, elle avait su. Elle avait su qu'il était sien et qu'elle était sienne.

Une année. C'est tout ce qu'il a fallu à Jonathan et Annabelle pour s'aimer. Et même moins, si vous voulez mon avis. Mais une année, c'est à la fois trop long et trop court. Trop court pour s'aimer, se connaître, se marier, fonder une famille. Pourtant, ils y arrivèrent. Le jour de son 21ème anniversaire, Jonathan et Annabelle s'installèrent au petit salon des parents d'Annabelle. Il voulait s'engager. La guerre en Europe tuait des centaines d'hommes et il était vert de rage de ne pouvoir participer à l'effort de guerre. Il voulait y aller, mais il ne voulait pas perdre la femme qu'il aimait. Annabelle avait beau lui promettre de l'attendre, il ne voulait pas risquer qu'elle en préfère un autre. Alors, il avait quelque temps auparavant, demandé à son père s'il voulait bien lui accorder la main de sa fille. Il avait prévu de la demander en mariage et de célébrer tout ça le mois prochain afin de pouvoir s'engager ensuite. Alors ce soir-là, après leur discussion sur son avenir, il l'emmena dans les bois, dans une clairière qu'ils aimaient fréquenter. Il posa un genou à terre et les larmes roulèrent sur les joues d'Annabelle. Le « oui » ne mit que peu de temps à sortir avant qu'elle ne se jette au cou de son tout nouveau fiancé.

Mais Lizzie partait, peu importait son amour pour Will, elle avait besoin de se sentir utile. Alors, dans un soupçon de folie, Lizzie et Will se marièrent, juste tous les deux et leurs témoins. Comme un grand nombre de couples ces années-là, ils ne s'encombrèrent pas d'une bénédiction religieuse ou d'une cérémonie en grande pompe. Ils s'aimaient, et ils voulaient se le prouver. Will ne partait pas en Europe, mais il n'en restait pas moins qu'il était utile au pays. Avec l'entreprise de son père, ils travaillaient à gagner suffisamment d'argent pour financer les soins et les protections pour leur armée. La séparation fut douloureuse, particulièrement pour Lizzie qui passait ses journées entourées d'hommes mutilés. Elle avait fait des études d'infirmières et était capable de faire face à tout ça, mais le confort d'un hôpital aurait été plus plaisant. Malgré tout, elle s'épanouissant dans ce bourbier, elle correspondait longuement avec Will chaque semaine pour lui raconter ses mésaventures et ça, jusqu'à la fin de la guerre qu'elle atteint non sans mal.

Le mariage fut célébré avec joie dans la petite demeure familiale. Il leur restait encore du temps avant que Jonathan s'envole pour l'Europe alors, ils avaient pu organiser une petite fête en leur honneur. Ils se dirent « oui » dans un discours emprunt d'émotion qui tira une larme au père d'Annabelle. Ils étaient heureux et ça se voyait. Quelques semaines plus tard, après avoir emménagé ensemble dans un petit appartement, Annabelle appris qu'elle était enceinte. Elle l'annonça à son époux le soir même où celui-ci s'était engagé. Ils pleurèrent beaucoup cette nuit-là. De joie, de peur, de peine. Elle était effrayée à l'idée d'élever cet enfant toute seule, lui aurait renoncé à partir en tant que volontaire s'il l'avait su. À la fin de cette semaine-là, Jonathan s'envola pourtant pour Londres. Et Jonathan ne revint jamais.

Lizzie avait sauté dans les bras de William en descendant de l'avion. Certains couples que la guerre sépare ne se remettent jamais vraiment, Will et Lizzie eux, n'avaient jamais cessé de s'aimer. Leur relation était tellement complexe qu'ils n'avaient jamais, de toute manière, trouver matière à tromper son ennui ou à chasser sa solitude. Non, ils n'avaient besoin que l'un de l'autre et c'était bien suffisant. Après son retour de la guerre, Lizzie pris une année pour elle, pour récupérer. Elle suivit une thérapie, mais elle se rendit vite compte que, ce qui l'aidait à passer outre tout ça, c'était d'aider son prochain. Elle s'impliqua alors dans de multiples causes locales pour aider les enfants, les sans-le-sou, les sans-abris, les malades, les infirmes. Jusqu'à ce qu'un jour elle fasse un malaise. Elle était suffisamment calée en médecine pour savoir ce que ça pouvait bien vouloir dire. Elle passa quelques tests avant de finalement annoncer à son époux qu'ils allaient avoir un enfant. Ils étaient fous de joie, l'un comme l'autre.

Annabelle mena sa grossesse à terme, Jonathan était ravi et lui écrivait dans ses lettres que l'idée de rencontrer sa fille lui faisait tenir ces longues journées de guerre. Ils choisirent ensemble le prénom, dans une lettre. Et puis un jour, Annabelle cessa de recevoir des lettres. Deux membres de l'armée arrivèrent un jour à sa porte pour lui annoncer que Jonathan Bonneville était décédé durant une intervention militaire et que son corps n'avait, à ce jour, pas été retrouvé. Annabelle s'effondra dans les bras de son père, sa mère s'occupant de leur fille un peu plus loin. Elle reçue une pension de l'armée qui lui permis de vivre, mais, sans Jonathan, la vie ne serait plus jamais comme avant. Elle se réfugia dans sa famille, prenant soin des autres plus que d'elle-même. Jusqu'à l'entrée de Dorian Graham dans sa vie.

La grossesse se déroula sans heurt, si ce n'est d'innombrables disputes entre William et Elisabeth pour empêcher celle-ci d'aller faire du bénévolat à droite à gauche. Will n'avait qu'une crainte : qu'elle perde le bébé en contractant une maladie quelque part. Lizzie le traitait d'idiot et lui assurait qu'elle ne s'occupait que des personnes blessées ou sans le sou, mais pas des malades. Elle avait pris suffisamment de précautions pour qu'il n'arrive rien à leur descendance. Pourtant, elle aimait le voir s'inquiéter pour elle bêtement comme ça. Parce qu'elle ressentait à travers ces quelques mots tout l'amour que son époux éprouvait pour elle et leur futur fils. Elle n'en dit jamais rien pourtant, et continua de travailler comme elle l'entendait, tout en faisant suffisamment attention à ne pas mettre en danger sa santé et celle de l'enfant. James Carmichael vit le jour un jour de janvier où la neige avait atteint New York City. Lizzie était exténuée, mais si heureuse d'amener un petit homme dans leur vie. Will quant à lui, ne pouvait pas rêver mieux qu'un fils avec qui il pourrait aller voir du baseball et jouer à la bagarre. Tout allait bien dans le meilleur des mondes.

Annabelle avait tout donné pour Dorothée, sa fille. Elle l'emmenait souvent dans cette clairière du New Jersey où son père lui avait fait sa demande en mariage. Elle lui racontait des histoires sur lui, des anecdotes. Elle lui inventait des sentiments et des rêves pour ceux qu'elle ne connaissait pas. Elle l'emmenait aussi souvent chez ses parents à lui, un couple triste d'avoir perdu leur fils, qui n'aimaient pas leur belle-fille plus que ça, mais qui auraient tout donner pour leur petite-fille. Et Annabelle et Dorothée s'en sortaient. Jusqu'à l'arrivée de Dorian, qui fut frappé par la beauté de la jeune maman. Dorian était un jeune entrepreneur qui se lançait dans les nouvelles technologies. Il s'était installé dans le New Jersey pour éviter les loyers onéreux de la grosse pomme. Et Annabelle avait volé son cœur à peine son regard eut croisé le sien.

James eut une enfance dorée. Elisabeth et William Carmichael lui offrirent tout ce qu'il désirait et, le petit garçon se révélait curieux. Il détestait l'école, mais s'en sortait pas trop mal. Ils lui payaient des précepteurs pour qu'il intègre les meilleures écoles et puisse prendre la suite de son père. Mais, James n'avait absolument aucune envie de devenir banquier. Sa passion, c'était la musique. Et ça, depuis tout petit. Deux ans après sa naissance, Will et Lizzie accueillirent un nouvel enfant au sein de la famille, un deuxième petit garçon qu'ils nommèrent Daniel et qui fut longtemps le meilleur ami de son grand frère. Ils étaient deux contre le monde entier et l'un comme l'autre avaient le droit aux mêmes avantages. Pas question pour les Carmichael d'en privilégier un à l'autre. Will avait lancé la banque sur les marchés professionnels new-yorkais plusieurs années plus tôt et, ça paya. Rapidement, les Carmichael devinrent encore plus riches qu'ils ne l'étaient déjà, et le tout dans la légalité. Will se débarrassait immédiatement des banquiers qui voulaient le faire tremper dans des combines louches.

Dorothée, quant à elle, vivait beaucoup plus modestement. Annabelle lui faisait les cours à la maison le soir, elle allait à l'école la journée, mais tout ça n'était pas millimétré. Dorian, quant à lui, fis la cour à Annabelle pendant trois ans avant qu'elle ne consente à l'épouser. Ses parents avaient un peu pousser dans ce sens : une femme seule avec une enfant, elles allaient vivre misérables pendant encore de longues années. Alors qu'avec un mari, la vie serait plus douce. Et puis, Dorian n'était ni violent ni désagréable. Alors elle accepta. Deux ans après, elle donna naissance à une paire de jumeaux : Mathias et Lawrence. Dorothée était plus réservée, mais avait adopté Dorian comme s'il était son père. Pourtant, il refusait qu'elle l'appelle ainsi, il voulait qu'elle sache qu'elle avait un père qui l'avait aimé. La vie à cinq était agréable et la petite famille s'épanouit bien rapidement. Dorian fit fortune avec son équipement informatique et ils purent s'installer dans un appartement de Brooklyn.

En grandissant, James et Daniel s'éloignèrent un peu. Deux ans, c'est l'âge qu'il faut pour séparer des enfants. James s'enfermait de plus en plus dans la musique, au grand damne de ses parents. Daniel, quant à lui, fréquentait les enfants d'une famille de son école. Une paire de jumeaux particulièrement agités. Les Graham ne vinrent jamais chez les Carmichael, mais les Charmichael allaient régulièrement chez eux. Elisabeth et Annabelle organisaient des après-midi où les trois garçons pouvaient se défouler sans souci dans le jardin des Graham. Pourtant, James ne rencontra jamais la sœur des garçons. Il se fichait pas mal des deux olibrius, lui passait tout son temps chez l'un de ses amis aussi passionné par la musique que lui, à écouter des tubes des années 60. Et il fait de la musique, du rock des années 70, il est inspiré par Hendrix, par The Who. Il chante, il fait des cover, s'éclate avec un groupe de potes à lui.

Dorothée, quant à elle, suit des études de dactylographie. Elle se lance dans cette voie sans trop savoir quoi faire de sa vie. Tout ce qu'elle sait, c'est qu'elle refuse de ne pas travailler. Elle veut absolument évoluer par elle-même. Et puis, Dorothée, c'est une grande rêveuse. Alors, elle écrit. Toujours, elle s'invente des univers, des vies, des héros. Et elle se perd dans sa musique pour s'isoler, parce que ses demi-frères sont bruyants, trop bruyants. Alors elle s'achète un baladeur cassette avec ses étrennes de fin d'année et écoute Janis Joplin en boucle pour écrire. Finalement, elle est embauchée dans l'entreprise de son beau-père en tant que secrétaire et commence son petit bout de vie ainsi. Elle prend un appartement dans un quartier peu cher de la ville. Et puis un jour, sa meilleure amie l'embarque pour un festival de musique en plein champs. C'est un road trip improvisé qui devient la meilleure expérience de sa vie.

James avait vu l'annonce du festival de Woodstock et n'avait même pas hésité à prendre la route. Il a embarqué son groupe pour tenter de percer et rencontrer des agents. En vain. La seule chose que James rencontra à Woodstock, c'est le grand amour de sa vie. Au détour d'une scène, il percuta une jeune femme qui se renversa sa bière dessus. Embêté, il l'emmena jusqu'à sa voiture pour lui prêter de quoi se changer. Ils discutèrent longuement et finirent séparer par leurs amis, inconscients qu'ils avaient ruiné leur chance du jour. James continua de tenter de rencontrer un manager et il fut finalement chanceux. On lui donna une adresse où envoyer une démo. Après ça, il profita du festival et de ses bienfaits.

Dorothée, quant à elle, était malheureuse. Elle avait eu un coup de foudre pour un garçon lors du festival qui, même rentrée à New York, occupait ses pensées. Ce n'est que quelques mois plus tard, lors de l'anniversaire du grand pote de ses frères, qu'elle rencontra enfin son grand frère. À partir de ce jour-là, Dorothée et James ne se quittèrent plus. Daniel reprit l'entreprise familiale et les Carmichael encouragèrent enfin leur fils dans sa carrière musicale. Dorothée évolua petit à petit. De secrétaire, elle passait à secrétaire juridique, elle fit des formations professionnelles pour y parvenir. Ils se marièrent tous les deux en 1971, quelques mois après s'être installés tous les deux dans le petit appartement qu'elle louait sur Long Island. Ils se concentrèrent sur la carrière de James qui ne décolla jamais. Alors il retourna en cours pour devenir producteur de musique. Ils ne s'en sortit pas trop mal d'ailleurs.

Quatre ans après leur mariage, ils commencèrent à fonder leur famille : Angelica arriva la première, un mois trop tôt, comme si elle voulait imposer à la vie sa présence. Vint ensuite Noah, deux ans après, qui n'avait pas envie de sortir, qui était bien où il était. Pour finir, trois ans après Noah, Oliver pointa le bout de son nez. Une petite famille qui finit par s'épanouir dans un appartement plus grand du même quartier.

Noah donc.
Né quelques jours après la fin normale du terme, Noah a toujours été un petit garçon grognon. Du genre qui ne laisse pas dormir ses parents le soir, mais qui aime bien qu'on le laisse dormir le matin. Le genre qui reste dans son coin alors que sa sœur à décidé qu'il devait jouer avec elle. Noah a toujours été indépendant, très dans sa bulle aussi. Dans la famille, il se sentait le plus proche de Lawrence. Lawrence, Mathias et Daniel ont pris des chemins très différents. Lawrence et Mathias se sont engagés dans l'armée un peu après Woodstock dans la guerre du Viêt Nam, Mathias n'en revient jamais. Après ça, Lawrence n'aura plus jamais été le même. Après la guerre, il a pris ce qu'il avait épargné et il a ouvert un pub dans une ville paumée des États-Unis. Dorothée emmenait souvent ses enfants le voir quand ils étaient petits, l'été principalement. En grandissant, Noah y aura été seul une ou deux fois, quelque temps. Il appréciait l'endroit, mais sa vie n'était pas là-bas.

Il n'était pas très bon à l'école, ça l'agaçait. Il n'avait pas vraiment d'amis non plus, il avait un caractère plutôt solitaire. Alors, après le lycée, il décida d'entrer dans la police. C'était un métier noble qui lui permettrait de bien vivre. C'est au cours de l'une de ses enquêtes qu'il rencontra celle qui pensait être la femme de sa vie. Dans le fond, Noah, c'est un grand romantique. Il a vu ses grands-parents s'aimer passionnément pendant des années, ses parents encore plus, alors pour lui, l'amour, c'était éternel.

Lara était avocate, elle défendait des gros bonnet principalement, mais parfois prenait quelques affaires probono pour alléger sa conscience. Elle était douée dans ce qu'elle faisait et avait des contacts avec les meilleurs spécialistes de la ville. C'est elle qui fit le premier pas, parce que Noah lui, il avait aucune idée de comment faire. Il a toujours été du genre à rester dans son coin, à ne pas faire de vague. Et les filles, c'est tellement compliqué… Alors il a attendu qu'on vienne le sortir de sa grotte. Et Lara s'en est très bien tirée.

Elle l'a emmené sur les bords de l'Hudson après le travail, ils ont discuté, beaucoup, plus que Noah n'avait jamais discuter avec quiconque. Puis, elle l'a embrassé. Il a rougi, bégayé et elle a rit. Ca l'a vexé et il s'est tourné pour s'en aller. Alors elle lui a pris la main pour l'arrêter et s'excuser. C'est simplement étonnant de voir un grand gaillard comme Noah se mettre à rougir et être gêné d'être simplement embrassé.

Noah s'est laissé aller à cette histoire d'amour. Il n'avait que 24 ans, elle en avait 26. Ils se sont mariés deux années plus tard, dans une petite église du New Jersey. Elle gagnait bien sa vie et lui était passé détective. Il avait un équipier avec qui il s'entendait bien et en qui il avait confiance. Deux ans après leur mariage, Lara donna naissance à Cecil, leur petit garçon.

Noah était l'homme le plus heureux du monde. Puis, la vie l'a rattrapé. Il n'a pas été là suffisamment pour son fils et sa femme. Trop souvent absent, plonger dans le boulot. Dans des enquêtes dangereuses qui l'envoyèrent plusieurs fois à l'hôpital. À force de prouver qu'il était bon, ils l'ont fait rentrer au FBI après une formation. On va être honnête, ce n'est pas le métier qui lui plaisait le plus et il avait aucune confiance en son partenaire.

Son entrée au FBI marqua la fin de son bonheur. Son métier ne lui plaisait plus autant que ça, sa femme ne l'aimait plus et son fils le boudait. Il était malheureux, sans savoir qu'il pouvait s'en sortir, sans savoir comment. Il s'enlisa dans cette situation jusqu'à ce que sa femme demande le divorce. C'était il y a trois ans. Il ne s'y attendait pas et cette nouvelle lui arracha le cœur. Elle avait une aventure depuis plusieurs années maintenant et, elle voulait mettre un terme à leur mariage. Noah ne le vécu pas bien du tout. Il signa ses papiers, fit sa valise et quitta l'appartement. Il dormit chez sa mère ce soir-là. Mais le lendemain, il remit sa démission au bureau et quitta la ville. Son oncle Lawrence lui avait légué plusieurs années auparavant, son commerce dans sa ville paumée. Noah n'y était pas retourné depuis son adolescence, mais il avait l'impression d'en avoir besoin.

Pendant un an, il retapa complètement la maison. Il dû bosser comme vendeur dans une jardinerie de la ville voisine pendant un temps pour gagner de quoi finir de tout retaper. Finalement, il rouvrit le bar l'an passé. Aujourd'hui, il est bien où il est. Les fins de mois sont difficiles, mais il fait avec il sait qu'il s'en sortira un jour.